Grace à la générosité du Wainwright Fund, qui attribue chaque année un budget destiné au développement et élargissement de la collection de notre bibliothèque dans les domaines du droit civil non-québécois, nous avons ajouté un nouveau livre rare à la Collections Wainwright :
- Le code du très-chrestien et très-victorieux roy de France et de Nauarre, Henry IIII : Du droit ciuil iadis descrit, & à nous delaissé confusément par l’Empereur Iustinian & maintenant reduit & composé en bon & certain ordre, avec le droit ciuil de la France, contenant trente & vn liures / par M. Thomas Cormier …
L’auteur, Thomas Cormier (c.1523-1600), a été un historien et jurisconsulte français et un président en l’échiquier d’Alençon. Son Code Henry IV n’est pas un recueil d’ordonnances du souverain comme le Code Henry III, qu’on détient aussi dans notre collection, mais un traité de droit civil où l’auteur compare le droit romain et le droit civil français. L’ouvrage, destinée aux étudiants et praticiens de droit, est une synthèse du droit romain de Justinien qui selon l’auteur “à nous délaissé confusément par l’Empereur Justinien et maintenant réduit et composé en bon et certain ordre” auquel Cormier a ajouté du droit français et plus précisément du droit français tel qu’il a été suivi en Normandie. Le traité a été rédigé d’abord en langue latine (1602) et traduit en français en 1603.
L’exemplaire récemment acquis pour notre bibliothèque est notable par sa rareté (à notre connaissance il y a une seule copie identique de cette édition recensée dans la bibliothèque de l’université de Gand). Cette édition imprimée en 1615 à Rouen par Jean du Bosc est en toute évidence la reproduction non-autorisée de l’édition publiée en 1608 par Jean Arnaud. Jean du Bosc a copié non-seulement le texte mais aussi toute la typographie de l’ouvrage d’Arnaud et même sa marque d’impression (Arion sur un dauphin) en mettant toutefois son propre nom sur la page titre et faisant une omission prudente de la mention de privilège. Malgré des multiples petits travaux de vers, essentiellement marginaux et affectant seulement légèrement le texte, le livre est en bon état de conservation : il a préservé sa reliure de l’époque pleine basane marron avec le dos à cinq nerfs orné aux motifs floraux dorés.
Pourquoi le Code Henry IV avec des violettes demanderiez-vous ? Parce que ce livre a conservé des traces charmantes d’un de ses lecteurs sombrés dans l’oubli, quatre violettes pressées et séchées entre ses pages, marquant peut-être la section que ce lecteur anonyme a contemplée plus longtemps et plus pensivement que les autres parce que selon Ophélie, « des pensées, [sont] en guise de pensées ».