Grace à la générosité du Wainwright Fund, qui attribue chaque année un budget destiné au développement et élargissement de la collection de notre bibliothèque dans les domaines du droit civil non-Québécois, nous avons ajouté deux nouveaux livres rares à la Collections Wainwright :
- Cours ou explication du coustumier du pays de Vaud/ fait par Gabriel Olivier l’ainé. Lausanne : Frédérich Gentil, MDCCVIII [1708]
- Remarques sur les loix et statuts du Pays de Vaud / par J. Francois Boyve. A Neuchâtel : Chez les éditeurs du Journal helvétique, MDCCLVI [1756]
Les deux ouvrages publiés au XVIIIe siècle sont consacrés au droit coutumier et statutaire du Canton de Vaud (appelé autrefois le Pays de Vaud) de l’époque d’avant le Code Civil suisse federal. Ces livres sont plus qu’un monument ou un vestige de l’histoire du droit disparu il y a longtemps, car malgré l’adoption d’un droit prive commun à toute la Suisse (Code Civil) en 1907, des subsistances des coutumes locales persistent, d’ailleurs avec l’autorisation du celui-là : “À défaut d’une disposition légale applicable, le juge prononce selon le droit coutumier” (article 1, alinéa 2 du Code civil suisse).
Les livres sont aussi notables par leur aspect physique et représentent un intérêt en tant que les artefacts dévoilant les pratiques bibliophiliques du passé. Remarques sur les loix est un volume parfaitement préservé et somptueusement relié en plein cuir rouge sang d’époque avec les filets dorés sur les plats, des fleurons et filets dorés au dos à 7 nerfs et les tranches avec un décor très original et riche en bleu paon. Par contre, Cours ou explication du coustumier est un ouvrage d’une apparence simple et visiblement insignifiante avec les pages non-ébarbées, ce qui veut dire avec ses marges conservées et non-égalisées, relié modestement en cartonnage d’époque non-coloré et sans aucun ornement.
Ce contraste frappant est un témoignage d’une étape de l’histoire de l’imprimé : avant l’introduction de la fabrication mécanisée des livres au milieu du XIXe siècle la majorité des livres ont été vendus soit sans aucune reliure, comme cahiers des feuilles pliées, non-cousues et non-coupées, soit avec les reliures très rudimentaires en papier ou en carton. En achetant un livre, le client commandait la reluire permanente chez le vendeur, qui était parfois en même temps l’éditeur et le relieur, sinon chez un autre relieur préféré. Évidemment, Remarques sur les loix aurait appartenu à un bibliophile ou un avocat prospère qui a pu se permettre de l’avoir relié de cette façon assez luxueuse. Le choix de reliure n’était dicté que par sa vanité et ses moyens : un ouvrage pouvait être décoré avec les dorures et les armoiries, relié en peau de vélin, en maroquin, en daim ou en agneau velours, en chagrin, en basane, en tissue, ou en papier coloré. Ainsi, la majorité des livres de l’époque ont survécus jusqu’à nos jours non dans l’état comme ils avaient été vendus mais avec une reliure et une apparence générale façonnée par les gouts d’un de leurs propriétaires. En conséquence, les livres qui, comme c’est le cas du Cours ou explication du coustumier, ont conservés leurs modestes emballages d’origine sont assez rares et font un bel ajout à toute collection.